- un article sur les SUF
- un petit diaporama sur des célébrités qui ont été scouts
- un petit quizz sur le scoutisme avec des réponses pas toujours très correctes
- Les scouts "j'y ai passé les meilleurs moments de ma vie", un article sur les souvenirs des lecteurs de l'Express (ajout le 05/08/2009)
Bonne lecture !
L'Express a écrit :Scout(e)s toujours
Par Julie Joly, publié le 29/07/2009
Des vacances éducatives, saines, bon marché... Certains mouvements de jeunesse connaissent un nouvel essor. Exemple: les Scouts unitaires de France, attachés à la tradition, mais plus modernes qu'on ne le croit. Rencontre.
Le soleil danse à travers des trouées sur les chemins de feuilles. Il faut marcher longtemps avant de discerner les premières cabanes entre les corps serrés des arbres. Elles sont bien là, pourtant, parfois perchées à plus de 3 mètres de hauteur. Dans la forêt de Poiroux, au coeur de la Vendée, 32 jeunes toulousaines campent depuis le 18 juillet. Catholiques plus ou moins pratiquantes, adolescentes plus ou moins en crise, elles sont, comme quelque 3 500 congénères de toute la France, guides chez les Scouts unitaires de France (SUF). Chef du camp, Mélanie Chevillotte vient de souffler ses 20 bougies.
Les manches de sa chemise bleu ciel retroussées au-dessus du coude, le short marine aux genoux, le foulard noué bien en place et les insignes impeccablement cousus à l'épaule, Rose-Marie court derrière ses camarades à l'appel des cheftaines, "toujours prête !" bien sûr.
Réfugiée du Burundi, l'adolescente a adopté toutes les valeurs des SUF: ponctualité, service, respect des autres, de la nature... et des ordres. Y compris ceux lancés à la corne de brume, en morse. "Le code est très simple, jure la cheftaine Maylis de Marcillac, 20 ans, dont onze de scoutisme. Je souffle un taaaaa long pour les traits, un ti court pour les points."
Les équipes semblent en tout cas avoir déchiffré le message. Toutes les filles se sont rassemblées en quelques minutes devant le mât de la compagnie, trois troncs fins coupés sur place par les filles, poncés à la main, plantés au milieu d'une clairière et coiffés des drapeaux français, vendéen et SUF -respect de la loi scoute et de la patrie oblige. Ce soir, deux responsables de l'association se sont invitées à la veillée: elles sont chargées d'inspecter les camps de la région. Mais comptent bien aussi rappeler quelques principes fondamentaux.
Le matin même, à Paris, les deux bénévoles de l'équipe nationale assistaient à la messe d'enterrement de l'une des deux jeunes scoutes tuées le 16 juillet pendant leur camp d'été. Agées de 14 et 15 ans, les adolescentes marchaient avec un petit groupe le long d'une nationale de l'Yonne, derrière la glissière de sécurité, lorsqu'un conducteur pris de malaise les a violemment percutées. Bouleversée, la famille scoute va bientôt affronter une autre épreuve.
Patienter parfois plus d'un an
Le 21 juillet, dans la Haute-Loire, un groupe de garçons déclenche accidentellement un feu de forêt en milieu de journée. Tandis que les Éclaireurs s'adonnaient à leurs olympiades rituelles, les braises encore chaudes d'un feu allumé pour le déjeuner ont réduit en cendres 15 hectares de bois. "C'est la première fois que cela nous arrive!" s'effondre une permanente de l'association catholique, en banlieue parisienne.
Jamais les SUF n'avaient connu une telle série noire. Dix ans plus tôt, la noyade de quatre scouts marins, placés sous la seule direction d'un prêtre intégriste, l'abbé Cottard, au large des Côtes-d'Armor, a marqué les esprits. Le groupuscule était autonome, mais tout le mouvement scout en a pris pour son grade. Il aura fallu attendre 2002 pour que les rangs des SUF se remettent à grossir.
Formé en 1971 par une poignée de dissidents des Scouts de France, le mouvement catholique dépasse aujourd'hui les 23 000 membres - dont plus de 20 000 passent leur été dans leur tenue de camp monochrome. Presque aussi nombreux que les Guides et Scouts d'Europe (26 000), créés quinze ans plus tôt.
Rien n'est laissé au hasard
Le regain d'attraction exercé par les scouts serait propre à notre époque, expliquent psychiatres et sociologues. Vacances éducatives, saines, écologiques, bon marché (moins de 300 € pour trois semaines): en ces temps bousculés, le modèle semble paré de toutes les vertus. "Le simple fait de quitter sa maison, ses parents, son portable ouvre les esprits, analyse pour sa part l'abbé Simon, aumônier du groupe Saint-Ferdinand-des-Ternes, à Paris. Les jeunes retrouvent leur spontanéité, leur place, le sens de l'amitié, les rapports sont moins violents."
Plus actifs que les très anciens Scouts de France (64 000), en perte de vitesse. "Les SUF répondent aux besoins des parents d'aujourd'hui", s'enthousiasme Thierry Berlizot, polytechnicien, ingénieur et président bénévole de l'association depuis 2004. Proches de la nature, sans hiérarchie lourde, non mixtes, organisés par petits groupes mêlant préados et ados, les SUF respectent à la lettre les principes fondateurs de Baden-Powell. Parmi les nouvelles recrues, certaines viennent des Scouts d'Europe, fuyant les dissensions internes ou la radicalisation du mouvement. La décision récente des dirigeants d'autoriser les messes en latin n'a pas fait l'unanimité. D'autres sont des transfuges des Scouts de France, jugés trop laxistes. A Toulouse, le nombre de guides a triplé en six ans, passant de 32 adolescentes à près de 100. A Paris, garçons et filles doivent patienter parfois plus d'un an avant d'espérer intégrer le plus ancien groupe SUF de France, et l'un des plus demandés, celui de Saint-Louis.
En dépit de l'actualité récente, la sécurité des camps est aussi leur atout. Tous les chefs et cheftaines des mouvements agréés ont au moins un équivalent du Bafa, le brevet d'animateur, et très souvent un niveau supérieur. Les responsables SUF, bien que bénévoles, organisent chaque année plusieurs sessions de formation, validées par la Direction de la jeunesse et des sports. Même en pleine nature, dans la "verte" comme ils disent, rien n'est laissé au hasard - ou presque. Pompiers, médecins, pharmacies, préfecture, mairie : toutes les sommités locales connaissent dans le détail l'emplacement et le programme du camp. Les autorités n'hésitent d'ailleurs pas à y passer une tête pour contrôler la conformité des lieux.
A 21 ans, Augustin Steyer est passé chef de camp cette année. Le catholique pratiquant ne fut pas toujours un scout fervent. A l'âge de 12 ans, Augustin raconte s'être retrouvé avec de jeunes "fachos", violents, amateurs de brimades, d'alcool et de drogue. Les dévoyés ont été exclus du mouvement, mais l'adolescent a mis quatre ans à s'en remettre. "Je redécouvre ce que j'attendais du scoutisme: des rapports simples, bienveillants, une pédagogie tournée vers les autres...et vers Dieu", explique aujourd'hui l'étudiant aux Beaux-Arts. Apolitique, indépendante de toute subvention, son association affiche aussi fièrement ses convictions religieuses...que son budget en excédent.